Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/588

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de ma fiancée. Vous vendez sa pudeur pour le vain espoir d’une élévation impossible, et vous faites traîner son honneur dans la fange des rues…

— Oh ! oh ! quel ton est-ce là ? À qui croyez-vous parler ?

— Et moi, vous me faites dépérir, vous me faites mourir de chagrin et de désespoir. Non pas parce que vous voulez me ravir Lisa ; non, cela vous ne le pourriez pas ; elle m’aime ! Mais y a-t-il un plus grand martyre que de voir sous ses yeux pervertir son amie, sa fiancée, de la voir souiller par tout ce que la ville nourrit de mauvais et d’immoral ? de devoir la conduire à l’autel quand la pureté de son âme aura été profanée ?

— Avez-vous appris par cœur cet incompréhensible verbiage ? Il n’en est pas plus clair pour cela. Je suis maître, et ce que je fais est bien fait ; croyez-vous peut-être avoir plus d’esprit que baes Gansendonck ?

— Aveugle que vous êtes ! vous forcez votre fille à écouter les paroles empoisonnées du baron ; chaque flatterie est une souillure pour cette âme candide. Vous la poussez à sa perte ; et si elle tombe… Hélas ! le père même aura creusé l’abîme où devait s’engloutir l’honneur de son enfant ! Qu’espérez-vous ? Qu’elle épouse monsieur Van Bruinkasteel ? Ah ! ah ! cela ne se peut ! Son père et sa famille ne fussent-ils pas là pour l’en empêcher, que lui-même repousserait une femme déjà déshonorée à ses yeux, et par la manière dont vous cherchez à l’attirer sans déguisement et par ses propres caresses.

— Continuez, s’écria baes Gansendonck avec un rire