Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/590

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de perdre l’honneur de votre enfant ? de la livrer, innocente et pure comme elle l’est, en proie aux calomnies de chacun ? de la faire honnir et détester par tout le monde, comme le méprisable jouet d’un jeune fat efféminé ? Non, non, ce droit vous ne l’avez pas ! Lisa m’appartient ! Si son père veut la précipiter dans la fange de l’ignominie, moi je l’en arracherai triomphalement. J’avais oublié mon devoir ; mais c’est fini maintenant. Votre baron se tiendra à l’écart, Lisa sera sauvée malgré vous. Non, Je n’ai plus d’égards pour votre fatale ambition !

— Est-ce tout ce que vous avez à dire ? demanda baes Gansendonck avec la plus grande indifférence ; alors je vous dirai tout net que je vous défends l’entrée de ma maison, et si vous osez encore y venir, je vous ferai mettre à la porte par le garde champêtre et mes domestiques.

— Une auberge est ouverte pour tout le monde.

— Il ne manque pas chez moi de chambres où le baron pourra s’entretenir avec ma fille.

Le jeune homme, abattu et découragé, s’affaissa sur une chaise, pencha la tête et baissa les yeux sans répliquer un mot.

— Allons, partez, dit le baes ; vous serez bien vite guéri de votre échec amoureux. Retournez chez vous, et dorénavant tenez-vous à distance du Saint-Sébastien, sans vous inquiéter davantage de Lisa. À cette condition, nous resterons bons amis de loin. J’oublierai votre arrogance et vos sottes lubies. Bon sens tard venu est aussi sagesse. — Eh bien, partez-vous ?