Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/593

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dantes tombaient de ses yeux sur le sol. En entrant dans la chambre où se trouvait Lisa, il jeta encore sur elle, comme un éternel adieu, un regard mourant…

La jeune fille, qui depuis si longtemps déjà écoutait avec une profonde anxiété les sons confus qui retentissaient dans la chambre fermée, attendait, debout et tremblante, que la porte s’ouvrît.

Et voilà que son amant apparaissait à ses yeux, muet, tout en larmes, comme une victime innocente qui marche à la mort ! Un cri déchirant s’échappa de son sein ; elle s’élança vers le jeune homme, se suspendit à son cou en gémissant, et s’efforça avec angoisse de l’éloigner de la porte ! Karel jeta sur elle un douloureux regard et sourit si tristement, que ce funèbre sourire fit jaillir du sein de Lisa un nouveau cri de détresse.

Baes Gansendonck détacha, en prononçant des paroles de menace, les bras de sa fille du cou de Karel, poussa le jeune homme hors de l’auberge, et ferma la porte derrière lui.


VI


Celui qui allie l’orgueil à la sottise, se livre en proie lui-même à la risée des autres.



Baes Gansendonck courait comme un fou du haut en bas dans sa chambre ; il avait descendu le miroir pour voir ses jambes, et marchait en arrière et en avant avec toutes sortes de cris d’admiration. Il était en manches de chemise et portait un pantalon à sous-pieds tout neuf. Sur une chaise, près du mur, étaient étalés une paire