Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/597

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tu peux la manger, et bois avec cela une couple de pintes de bière d’orge.

— C’est beaucoup de bonté, baes.

— Et viens ensuite dans l’après-dînée au pavillon voir si je n’ai rien à t’ordonner.

— Oui, baes.

— Mais, dis un peu, Kobe, Lisa serait-elle déjà habillée ?

— Je ne sais pas, baes ; quand je suis allé tout à l’heure chercher de l’eau de pluie fraîche, elle était encore assise auprès de la table.

— Et quelle robe avait-elle ?

— Sa robe ordinaire des dimanches, je crois, baes.

— Ne t’a-t-elle pas dit qu’hier j’ai mis le brasseur à la porte ?

— J’ai vu qu’elle est très-abattue, baes ; mais je ne m’informe pas des choses qui ne me regardent point : fou est celui qui se brûle à la marmite d’un autre.

— Tu as raison, Kobe ; mais moi je suis maître de te parler de cela si je le veux. Pourrais-tu croire qu’elle tient encore tellement à ce fou de Karel, qu’elle refusait d’aller dîner au pavillon parce qu’elle a vu l’autre pleurer en s’en allant ? N’ai-je pas dû me quereller avec ma propre fille pendant toute la soirée, pour lui casser la tête ?

— Et a-t-elle enfin dit qu’elle irait avec vous, baes ?

— Quoi ? elle n’a rien à dire. Je suis maître !

— Cela est certain, baes.

— N’a-t-elle pas même eu l’audace de me dire qu’elle ne veut pas se marier avec le baron ?