Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/600

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semble pour me faire crever de colère ! Je t’apprendrai, ingrat vaurien !… demain tu partiras d’ici !

— Mais, cher baes, vous ne comprenez pas, répondit Kobe avec une terreur simulée. Je veux dire que Lisa pourrait bien avoir raison si elle n’a pas tort.

— Ah ! parle donc un peu plus clairement une autre fois.

— Oui, baes.

— Et toi, Lisa, dépêche-toi ! Que cela te plaise ou non, tu m’obéiras, dussé-je te mettre ta robe par force.

La jeune fille fondit en larmes. Cette circonstance accrut sans doute encore le mécontentement de son père, car il se mit à gronder vivement en lui-même, et à heurter avec colère les chaises les unes contre les autres.

— Encore mieux ! cria-t-il ; pleure une heure ou deux, Lisa, tu seras jolie après, avec une paire d’yeux rouges comme un lapin blanc ! Je ne veux pas que tu pleures ; c’est un tour que tu joues pour que nous soyons forcés de rester à la maison.

La jeune fille continuait à pleurer sans dire une parole.

— Allons, dit le baes avec impatience, puisqu’il n’en peut être autrement, habille-toi comme tu voudras, mais cesse de pleurer. Pour Dieu, Lisa, hâte-toi !

La jeune fille quitta sa chaise et, sans parler, monta l’escalier pour aller se préparer à la visite au château.

À peine avait-elle disparu, que monsieur Van Bruinkasteel entra dans l’auberge, en disant au baes :