Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/602

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et ton chapeau à fleurs, le baron t’eût donné le bras. Maintenant il ne veut pas : ta mise est trop commune, voilà ce que c’est !

Ils devaient passer devant la brasserie. Là, derrière le mur de l’étable, la Jeune fille vit le désolé Karel qui, debout, les bras croisés sur la poitrine et la tête penchée, attachait sur elle un œil attristé, sans témoigner ni colère ni surprise. Seulement on lisait dans ses regards mourants l’abattement, le découragement et un morne désespoir.

Lisa jeta un cri d’angoisse, s’arracha du bras de son père et s’élança vers Karel, dont elle saisit les deux mains dans ses mains frémissantes avec mille exclamations confuses de consolation et de tendresse.

Baes Gansendonck s’approcha des deux amants, lança au brasseur un regard furieux, et força sa fille à s’éloigner de lui.

Lisa se remit en marche, muette et l’âme remplie de pensées amères, vers le pavillon de monsieur Van Bruinkasteel.


VII


L’orgueil est la source de tous les maux.



Vers la fin de l’après-midi, Karel était dans un haut taillis, le dos appuyé au tronc d’un bouleau. Devant lui, de l’autre côté du fossé, s’élevait le pavillon de chasse de monsieur Van Bruinkasteel.