Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/608

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mauvais, mes amis, que je sois le cavalier de mademoiselle Lisa.

Tous descendirent l’escalier en pierre de taille, et se dirigèrent vers la partie la plus ombragée du jardin. Plusieurs sentiers s’offrirent à eux ; le baron emmena Lisa vers un parc de dahlias ; Adolphe et son compagnon, prirent bientôt un autre chemin. La jeune fille s’aperçut avec surprise, et non sans une certaine anxiété, que son père aussi s’éloignait d’elle ; elle lui jeta un regard suppliant et voulut quitter le baron, mais baes Gansendonck lui ordonna avec une feinte colère de suivre son conducteur, et courut aussitôt vers Adolphe, en riant comme s’il venait de faire une chose admirable. Lisa tremblait ; sa conscience virginale lui criait à haute voix qu’elle faisait mal de s’égarer ainsi seule, bras dessus bras dessous avec le baron, dans les allées solitaires ; mais son cavalier ne lui disait rien d’inconvenant, et là-bas, au bout de l’allée, elle devait infailliblement retrouver son père. N’eût-ce pas été d’ailleurs une grande impolitesse de planter là le baron, et de se sauver comme une paysanne ?

Préoccupée de ces pensées, elle suivait à regret le jeune gentilhomme, auquel elle n’adressait pour réponse que de rares et distraites paroles.

Un instant après, tous disparurent dans les sentiers tortueux du jardin et sous le feuillage des épais massifs de verdure.

L’infortuné Karel, la tête brûlante de fièvre, souffrait un indicible martyre. Vingt fois déjà l’ardent désir de vengeance qui brûlait dans son sein l’avait poussé à