Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/619

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dement qu’il était résolu à quitter son service, la colère du baes s’apaisait, et il prêtait complaisamment l’oreille à la parole du domestique. Kobe reprit :

— Maintenant, que peut-il en résulter ? N’est-ce pas le cas de dire avec le proverbe : Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise ? Non, la pudique retenue naturelle à votre fille vous sauvera d’un plus grand déshonneur : mais le baron se lassera de la société de Lisa, et cherchera d’autres distractions… Lisa sera plantée là ; tous ceux qui pensent bien la fuiront ; le monde vous raillera et se réjouira de votre honteuse déception…

— Mais, Kobe, qui peut s’arranger de façon à contenter tout le monde ? Celui qui bâtit à la rue ne manque pas de critiques. Je ne comprends pas ta folie ; ne saurais-tu pas ce qui est en jeu ? Le baron épousera Lisa. Il n’y a pas à en douter ; assurément c’est assez visible. Et alors les mauvaises langues du village, et toi avec, vous ouvrirez de grands yeux comme une bande de hiboux au soleil. Si je n’étais sûr de cela, il y aurait peut-être quelque chose à redire ; mais, alors même, personne n’aurait à s’en mêler. Je suis maître chez moi !

— Vraiment ! le baron va épouser Lisa ? Alors tout est pour le mieux, et vous pouvez planter un beau plumet sur votre chapeau, baes ; mais prendre chose désirée pour chose faite n’est pas rare. Puis-je vous faire une question, baes ?

— Eh bien ?

— Le baron vous a-t-il parlé de ce mariage ?