Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/622

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— J’en suis aussi certain que du nom de mon père.

— Vous n’êtes pas encore en selle et vous galopez déjà. Je vous dis, baes, que le baron se moque de vous, vous tourne en ridicule et vous traite de fou ; je vous dis que vous êtes aveugle, que je vous plains, vous et Lisa ; et que demain matin je pars d’ici pour ne pas voir la triste fin de cette malheureuse affaire. Et si vous voulez me prêter l’oreille, baes, pour adieu je vous donnerai un conseil, un conseil qui vaut de l’or.

— Pour adieu ? Voyons ! parle, quel est ce précieux conseil ?

— Voyez-vous, baes, qui est trop crédule est facilement dupé. Si j’étais à votre place, je voudrais savoir aujourd’hui ce qui en est ; j’irais au pavillon de chasse, et demanderais hardiment à monsieur Van Bruinkasteel quelles sont ses idées au sujet de Lisa. De belles paroles et des compliments en l’air ne me séduiraient pas ; tous mes discours finiraient par cette question : épousez-vous ou n’épousez-vous pas ? Je le forcerais à jouer cartes sur table et à me donner une fois pour toutes une réponse claire et décisive. S’il refusait, comme c’est probable, je lui défendais d’adresser désormais la parole à Lisa ; je remettrais très-vite la barrière à l’ancien poteau, je m’excuserais près de Karel, je le rappellerais et hâterais son mariage avec Lisa. C’est là l’unique moyen qui vous reste d’éviter un grand malheur et le déshonneur.

— Eh bien, si monsieur Van Bruinkasteel ne vient pas bientôt me parler lui-même de son mariage, j’oserai l’interroger à ce sujet ; mais ça ne presse pas.

— Ça ne presse pas, baes ? De la main à la bouche, la