Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/629

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à s’ennuyer terriblement, et il murmura à part lui :

— Ce domestique s’imagine aussi se moquer de moi. C’est bon ; je le noterai sur mon calepin. Il ne gagnera pas de cheveux gris à notre service. Il faut qu’il décampe ! Ça lui apprendra… Mais j’écoute à me rendre sourd, et je n’entends pas bouger un brin de paille dans le pavillon. Le domestique aurait-il oublié qu’il m’a fait attendre ici ? Non, il n’oserait cependant pousser aussi loin l’impudence. En tout cas, je ne puis rester assis ici jusqu’à demain. Allons, je vais un peu voir… Ah ! j’entends le maraud, il rit ! De qui donc peut-il rire ?

— Baes Gansendonck, dit le domestique, veuillez me suivre : monsieur le baron a la bonté de vous recevoir ; mais ce n’est pas sans peine. Sans mon intervention, vous retourneriez chez vous comme vous en êtes venu.

— Eh, eh, que me radotes-tu là, insolent ? s’écria le baes en colère ; sache à qui tu parles : je suis monsieur Gansendonck !

— Et moi je suis Jacques Miermans pour vous servir, répondit le domestique avec un sang-froid bouffon.

— Je te retrouverai, maraud, dit le baes en montant l’escalier ; tu sauras ce qu’il t’en coûtera pour m’avoir fait attendre toute une demi-heure dans ce cabinet. Fais bien vite ton paquet ; tu ne te moqueras plus longtemps ici de gens comme moi.

Le domestique, sans répondre à cette menace, ouvrit la porte d’un salon et annonça à haute voix :

— Le baes du Saint-Sébastien ! après quoi il planta là le baes Gansendonck irrité, et redescendit rapidement les escaliers.