Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/630

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Monsieur Van Bruinkasteel était assis au fond du salon, le coude appuyé sur une table. Son œil gauche était couvert d’un bandeau ; son front et ses joues portaient les marques de sa lutte avec le brasseur.

Mais ce qui attira bien plus que cela l’attention de baes Gansendonck à son entrée ; ce fut la magnifique robe de chambre turque du baron. Les couleurs vives et bigarrées de ce vêtement éblouirent ses yeux, et ce fut avec un sourire d’admiration qu’il s’écria, même avant d’avoir salué le baron :

— Vertudieu, monsieur le baron, quelle belle robe de chambre vous avez là !

— Bonjour, monsieur Gansendonck, dit le baron sans faire attention à l’exclamation ; vous venez sans doute vous informer comment je vais ? Je vous remercie de cette amicale attention.

— Ne le prenez pas en mauvaise part, monsieur le baron ; mais avant de vous demander des nouvelles de votre santé, je voudrais bien savoir où vous avez fait faire cette robe de chambre ? Elle me donne vraiment dans l’œil !

— Ne me faites pas rire, monsieur Gansendonck, cela me fait mal aux joues.

— Ce n’est pas pour rire ; non, non, c’est sérieusement que je parle.

— Singulière demande ! j’ai acheté cette robe de chambre à Paris.

— À Paris ! c’est dommage, baron.

— Pourquoi donc ?

— Je m’en serais volontiers fait faire une pareille.