Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/633

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d’esprit devine où est la vache dès qu’il en voit la queue.

— La comparaison est jolie.

— N’est-ce pas ? Aussi y a-t-il longtemps que nous y voyons clair, baron. Mais prenons le taureau par les cornes ; aussi bien les détours ne sont plus nécessaires entre nous.

Le baron regarda le baes avec un sourire aussitôt réprimé.

— Ainsi, monsieur le baron pense sérieusement au mariage ? demanda Gansendonck triomphant.

— Comment savez-vous cela ? Je l’ai caché même à mes amis.

— Je sais tout, baron ; j’ai plus de ressources dans mon bissac que vous ne croyez.

— En effet, vous devez être devin, ou vous avez du bonheur dans vos suppositions. Quoi qu’il en soit, vous frappez sur la tête du clou.

— Abrégeons quant au reste alors, dit le baes en se frottant les mains ; allons, je fais un sacrifice : je donne à ma Lisa trente mille francs de dot en argent et biens fonds. Elle en aura trente mille autres à ma mort. Nous vendrons l’auberge pour ne plus avoir de rapports avec ces grossiers paysans… et je viendrai demeurer avec vous dans votre château. De cette manière, vous recevrez les soixante mille francs dès le premier jour.

En disant ces mots, il se leva, tendit la main au baron et s’écria :

— Vous voyez que je ne fais pas beaucoup de difficultés. Allons, monsieur Van Bruinkasteel, topez sur