Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/636

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baron. Dussé-je dépenser la moitié de mon bien, je saurai bien vous y contraindre. Quoi ! vous pénétrerez chez moi grâce à une foule de ruses hypocrites, vous ferez accroire à ma fille un tas de faussetés, vous compromettrez sa bonne renommée, vous vous moquerez de moi… et puis vous oserez dire : Je ne m’en soucie pas, je vais épouser une comtesse ! Les choses ne vont pas ainsi ; baron… On n’y va pas si légèrement avec baes Gansendonck. Après ce qui est arrivé hier, vous ne pouvez plus refuser ; vous devez réparer l’honneur de ma fille, ou je vous fais paraître devant le tribunal, et je vous poursuivrai jusqu’à Bruxelles. Vous épouserez ! Et si vous ne me donnez pas dès maintenant votre consentement, je vous défends de mettre encore le pied chez moi, entendez-vous !

Pendant cette sortie, le baron avait regardé le baes avec un tranquille sourire de pitié et avec un grand sang-froid ; seulement, à la fin de la tirade menaçante, une certaine rougeur parut sur son visage, indice que l’indignation ou la colère cherchaient à le faire sortir de son calme.

— Monsieur Gansendonck, pour me respecter moi-même, je devrais tirer ce cordon de sonnette et vous faire conduire hors du château par mes domestiques ; mais j’ai vraiment pitié de votre démence. Puisque vous le voulez, je vais une fois pour toutes répondre clairement et nettement à tout ce que vous avez dit et à tout ce que vous pourriez dire encore. Il y a en ceci une leçon pour vous et une pour moi. Nous ferions bien de la mettre à profit tous deux.