Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/637

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— Je veux savoir, s’écria le baes, si vous épousez Lisa, oui ou non ?

— N’avez-vous pas d’oreilles, que vous me demandez si souvent la même chose ! Écoutez, monsieur Gansendonck, ce que je vais vous dire, et ne m’interrompez pas, sinon mes valets viendront mettre fin à notre ridicule entretien.

— J’écoute, j’écoute, grommela le baes en grinçant des dents ; quand je devrais en mourir, je me tairai, pourvu que j’aie mon tour après.

Le baron commença.

— Vous me reprochez de m’être introduit chez vous, et cependant vous savez bien vous-même que c’est vous qui m’avez engagé à y venir, et qui m’avez excité à faire la connaissance de votre fille. Qu’ai-je donc fait chez vous qui ne l’ait été avec votre assentiment ? Rien. Au contraire, vous trouviez toujours que je n’étais pas assez familier avec votre fille. Et maintenant vous venez prétendre que je dois l’épouser ! Ainsi c’était un piège que vous me tendiez, et vous m’attiriez avec des vues cachées. Jugez vous-même si je dois oui ou non condamner de semblables moyens et d’aussi présomptueux projets. Je venais auprès de Lisa parce que sa société m’était agréable, et qu’un loyal sentiment d’amitié m’attirait vers elle. Si cette liaison, par laquelle je pensais vous honorer, a eu pour nous tous un triste résultat, cela vient uniquement de ce que nous n’avons pas pris garde au proverbe : Hante qui te ressemble. Nous avons tous deux agi sans consulter la raison, et tous deux nous en sommes punis. J’ai été, à ma grande honte, presque