Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/641

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précipités dans l’escalier. Baes Gansendonck frémissait de dépit et de honte. La porte s’ouvrit ; trois domestiques apparurent dans le salon.

— Monsieur le baron a sonné ? demandèrent-ils tous ensemble avec empressement.

— Conduisez monsieur Gansendonck jusqu’à la porte du château ! dit le baron avec autant de calme que cela lui était possible.

— Comment, vous me faites mettre à la porte ! s’écria le baes avec une colère concentrée. Vous me le paierez, tyran, imposteur, séducteur…

Le baron fit un signé de la main aux domestiques, se leva, et quitta le salon par une porte latérale.

Baes Gansendonck était comme foudroyé, et ne savait s’il devait invectiver ou pleurer. Les domestiques le poussèrent poliment, mais irrésistiblement jusqu’à la porte, sans s’inquiéter de ses imprécations.

Avant de savoir au juste ce dont il s’agissait, le baes se trouva dans la campagne et vit la porte du pavillon se refermer derrière lui.

Il marcha pendant quelques instants tout droit devant lui, comme un aveugle qui ne sait où il se trouve, jusqu’à ce qu’il courût se heurter la tête contre un arbre, dont le choc parût le réveiller. Alors il se mit à suivre à grands pas le chemin en tempêtant et en proférant injures sur injures contre le baron pour donner issue à sa tristesse et à son dépit.

Il s’arrêta pensif au coin d’un taillis. Après être demeuré là un demi-quart d’heure plongé dans les plus douloureuses réflexions, il se mit à se frapper lui-même