Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/650

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les uns les autres ; nous serons unis par le lien d’une fraternelle affection et passerons paisiblement notre vie sur la terre ! Mais, Lisa, mon enfant, qu’as-tu ? tu trembles ! N’es-tu pas bien ?

La jeune fille fit encore un effort pour sourire, mais il était visible qu’elle n’en avait plus la force. Elle chercha cependant la main de son père, et, l’ayant trouvée, elle dit d’une voix éteinte et qui allait s’affaiblissant de plus en plus :

— Cher père, si le Dieu de là-haut ne m’avait pas rappelée, vos paroles de consolation me guériraient sans doute ; — mais, hélas ! qu’est-ce qui pourrait me sauver… de la mort que je vois toujours devant mes yeux… comme quelque chose que je ne saurais dire… un nuage… quelque chose qui me fait signe. Et maintenant encore, un frisson glacial parcourt mon corps ; l’air est trop froid… De l’eau, de l’eau sur mon front ! Ô père, cher père, je crois… que je vais mourir !…

En prononçant ces funèbres paroles, elle ferma les yeux et s’affaissa sur elle-même, inanimée comme un cadavre.

Baes Gansendonck tomba à genoux devant sa fille et leva vers le ciel des bras suppliants, tandis qu’un torrent de larmes s’échappait de ses yeux ; mais bientôt il reprit conscience de la situation, et se releva vivement en proie à une fiévreuse anxiété. Il se mit à frictionner la paume des mains de Lisa mourante, lui souleva la tête, l’appela par son nom, baisa ses lèvres glacées et baigna Son front de larmes de repentir et d’amour.

Peu après le sentiment revint à la jeune malade.