Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/651

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Tandis que son père, à demi fou de joie, épiait sur son visage les indices de son réveil d’un sommeil qui ressemblait à la mort, elle ouvrit lentement les yeux et promena autour d’elle un regard surpris.

— Pas encore ! encore sur la terre ! dit-elle en soupirant. Ô père, ramenez-moi à la maison ; ma tête tourne, ma poitrine brûle ; l’air me ronge les poumons, le soleil me fait mal !

Comme si baes Gansendonck eût voulu soustraire son enfant à la mort qui la menaçait, il la saisit dans ses bras avec un élan jaloux et la porta dans la chambre.

Lisa se rassit près de la table et reposa silencieusement sa tête sur le coussin.

Le baes voulut encore lui adresser des paroles de consolation, mais elle l’interrompit d’une voix suppliante :

— Ne parlez pas, cher père ; je suis si lasse, — laissez-moi reposer.

Baes Gansendonck se tut, regagna sa chaise et se mit à pleurer en silence sur la mort prochaine de sa bien-aimée Lisa…

Une demi-heure s’était écoulée sans qu’un mouvement, un son, un soupir eût trahi la présence d’êtres humains dans cette chambre, quand on entendit soudain une voiture s’arrêter devant la porte.

— Voilà Kobe, Lisa, voilà Kobe ! s’écria joyeusement baes Gansendonck ; je l’entends au pas de notre cheval.

Une étincelle d’espoir brilla dans l’œil mourant de la jeune fille.

Le domestique entra en effet dans la chambre. Lisa parut rassembler toutes les forces qui lui restaient pour