Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/652

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apprendre la joyeuse nouvelle ; elle leva la tête, tendit le cou et regarda Kobe. Le baes s’élança vers celui-ci, et s’écria :

— Eh bien, eh bien, Kobe ?

Les yeux humides, le domestique répondit :

— Rien ! Le monsieur qui devait parler pour Karel au ministre de la justice est parti pour l’Allemagne…

Un cri de détresse étouffé s’échappa de la bouche de Lisa. Sa tête retomba lourde comme du plomb sur l’oreiller, des larmes silencieuses jaillirent de ses yeux :

— Hélas ! hélas ! dit-elle d’une voix si faible qu’on l’entendait à peine, il ne me reverra plus sur la terre !


XI


Qui sème des chardons récolte des épines.



Par une belle matinée, un jeune paysan suivait à grands pas la chaussée d’Anvers à Bréda. Il était hors d’haleine, et la sueur perlait en grosses gouttes sur son front. Cependant une indicible joie rayonnait dans ses yeux, et dans les regards rapides qu’il jetait sur la campagne ou plongeait dans l’azur sans bornes du ciel, on voyait briller la reconnaissance envers Dieu et l’amour envers la nature renaissante. Ses pas étaient légers ; de temps en temps il lui échappait une exclamation de joie ; on eût dit qu’il se hâtait avec une ardente impatience de gagner un lieu où l’attendait un grand bonheur.