Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/67

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La jeune fille, profondément étonnée, regarda son père d’un air interrogateur.

— C’est monsieur Denecker ; tu sais, ce riche négociant qui se place auprès de moi au jubé, et qui habite le château d’Echelpoel.

— Oh ! oui, je le connais, mon père ; Il me salue toujours avec tant d’affabilité, et ne manque jamais à me tendre la main pour descendre de voiture quand nous arrivons à l’église. Mais…

— Tes yeux me demandent s’il vient seul ? Non, Lénora, une autre personne l’accompagnera…

— Gustave ! s’écria involontairement la jeune fille d’un ton de joyeuse surprise et en rougissant en même temps.

— En effet, c’est Gustave, répondit monsieur de Vlierbecke. Ne tremble pas pour cela, Lénora, et ne t’effraie pas de ce que ton âme encore ignorante s’ouvre à un nouveau sentiment. Entre toi et moi il ne peut y avoir aucun secret que mon amour ne pénètre.

Les yeux de l’enfant interrogèrent les yeux du père et parurent demander à son bienveillant regard l’explication d’une énigme. Tout à coup, comme si une lumière soudaine se fût faite dans son âme, elle jeta ses bras au cou de monsieur de Vlierbecke, cacha son visage dans son sein, et murmura avec une profonde reconnaissance :

– Mon père, mon père bien-aimé, votre bonté n’a pas de bornes !

Le gentilhomme se prêta quelques instants aux affectueuses caresses de sa fille ; mais peu à peu ses traits