Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/88

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l’attention de ses hôtes jusqu’au moment où monsieur Denecker saisit la bouteille pour en verser la dernière goutte. À cette vue, un frisson saisit le gentilhomme, une pâleur mortelle couvrit ses traits, et sa tête fléchit, avec un soupir, contre sa chaise.

Était-ce une feinte défaillance ? ou bien le pauvre gentilhomme profitait-il de son émotion réelle pour échapper au triste embarras dans lequel il se trouvait ?

Tous se levèrent précipitamment ; Lénora poussa un cri perçant, et accourut près de son père, le regard plein d’inquiétude. Celui-ci s’efforça de sourire, et dit en se levant lentement :

— Ce n’est rien ; l’air de cette chambre m’étouffe. Laissez-moi aller un instant au jardin ; je serai bientôt remis.

En disant ces mots, il se dirigea vers la porte, et descendit l’escalier de pierre qui menait au jardin. Lénora avait pris son bras et voulut le guider, bien qu’il n’eût pas besoin de ce soin. Monsieur Denecker et son neveu accompagnèrent aussi le gentilhomme en lui témoignant un sincère intérêt.

À peine monsieur de Vlierbecke était-il assis depuis quelques instants, sur un banc à l’ombre d’un gigantesque châtaignier, que la pâleur de son visage disparut, et qu’avec un visible retour de forces il tranquillisa, d’un ton dégagé, sa fille et ses hôtes sur son indisposition ; toutefois, il demanda qu’on le laissât quelque temps en plein air, de crainte que l’évanouissement ne revînt. Bientôt après, il se leva, et exprima le désir de faire une promenade.