Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/91

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Monsieur de Vlierbecke redevint pâle ; muet et visiblement effrayé, il regardait le négociant, qui s’efforçait en vain de comprendre l’effet de ses paroles, et qui cette fois ne dissimula pas son étonnement.

— Ne vous sentez-vous pas bien ? demanda-t-il.

— Mon estomac se contracte au seul mot de vin, bégaya monsieur de Vlierbecke. C’est une étrange indisposition…

Cependant, une expression plus sereine vint tout à coup éclairer son visage, tandis qu’il désignait la porte du doigt et disait :

— J’entends votre voiture dans l’avenue, monsieur Denecker !

En effets la calèche entrait dans le Grinselhof.

Le négociant ne parla plus de vin ; il trouvait fort étrange que l’on parût se réjouir de son départ ; et ce soupçon l’eût blessé à coup sûr si, d’un autre côté, l’extrême affabilité et la cordiale réception du gentilhomme ne lui eût persuadé le contraire. Il crut devoir attribuer la mystérieuse conduite de monsieur de Vlierbecke à son indisposition, qu’il s’était peut-être efforcé de contenir et de dissimuler par politesse. Monsieur Denecker serra donc la main du gentilhomme, et lui dit avec une sincère effusion :

— Monsieur de Vlierbecke, j’ai passé ici une délicieuse après-dînée ; on se trouve vraiment heureux dans votre société et celle de votre charmante demoiselle ; je suis infiniment satisfait d’avoir fait votre connaissance, et j’espère que des relations plus amples me vaudront toute votre amitié. En attendant, je vous remercie du