Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/98

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arrivait d’ordinaire, le cœur du père de Lénora battit d’une attente pleine d’espoir. Bientôt il vit Gustave franchir la porte et se diriger vers la maison.

Le Jeune homme ne portait pas les habits d’étoffe légère qu’il avait d’habitude ; il était à peu près tout vêtu de noir, comme le jour où il était venu pour la première fois au Grinselhof.

Un sourire de joie éclaira le visage du gentilhomme tandis qu’il allait au-devant de lui ; cette toilette recherchée confirmait son espoir et lui disait qu’on venait tenter auprès de lui une démarche solennelle.

Gustave exprima le désir de se trouver seul avec lui pendant quelques instants. Monsieur de Vlierbecke le conduisit dans un salon particulier, lui offrit un siège, s’assit lui-même en face de lui et dit avec un calme apparent, mais d’un ton très-affectueux :

— J’écoute, mon jeune ami !

Gustave garda quelque temps le silence comme pour recueillir ses idées. Puis il dit d’une voix émue, mais cependant décidée :

— Monsieur de Vlierbecke, J’ose tenter auprès de vous une importante démarche ; votre extrême bonté me donne seule le courage nécessaire pour la faire, et quelle que soit la réponse que vous ferez à ma demande, j’espère que vous voudrez bien excuser ma témérité. Il ne vous aura pas échappé. Monsieur, que dès la première fois où j’eus le bonheur de voir Lénora un irrésistible penchant m’entraîna vers elle ; elle m’apparaissait comme un ange ; elle est demeurée telle pour moi depuis. Peut-être avant de laisser prendre à ce sentiment