Page:Considérations sur la France.djvu/38

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on lui donna des preuves de l’intérêt le plus tendre et le plus courageux ; le bourreau même, qui ne faisoit qu’obéir, n’osa pas se faire connoître. En France, Louis XVI marcha à la mort au milieu de 60,000 hommes armés, qui n’eurent pas un coup de fusil pour Santerre : pas une voix ne s’éleva pour l’infortuné Monarque, et les provinces furent aussi muettes que la capitale. On se seroit exposé, disoit-on. François ! si vous trouvez cette raison bonne, ne parlez pas tant de votre courage, ou convenez que vous l’employez bien mal.

L’indifférence de l’armée ne fut pas moins remarquable. Elle servit les bourreaux de Louis XVI bien mieux qu’elle ne l’avoit servi lui-même, car elle l’avoit trahi. On ne vit pas de sa part le plus léger témoignage de mécontentement. Enfin, jamais un plus grand crime n’appartint (à la vérité avec une foule de gradations) à un plus grand nombre de coupables.

Il faut encore faire une observation importante ; c’est que tout attentat commis contre la souveraineté, au nom de la Nation, est toujours plus ou moins un crime national ; car c’est toujours plus ou moins