Page:Considérations sur la France.djvu/39

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la faute de la Nation, si un nombre quelconque de factieux s’est mis en état de commettre le crime en son nom. Ainsi, tous les François, sans doute, n’ont pas voulu la mort de Louis XVI ; mais l’immense majorité du peuple a voulu, pendant plus de deux ans, toutes les folies, toutes les injustices, tous les attentats qui amenèrent la catastrophe du 21 janvier.

Or, tous les crimes nationaux contre la souveraineté sont punis sans délai et d’une manière terrible ; c’est une loi qui n’a jamais souffert d’exception. Peu de jours après l’exécution de Louis XVI, quelqu’un écrivoit dans le Mercure universel : Peut-être il n’eût pas fallu en venir là ; mais puisque nos législateurs ont pris l’événement sur leur responsabilité, rallions-nous autour d’eux : éteignons toutes les haines, et qu’il n’en soit plus question. Fort bien : il eût fallu peut-être ne pas assassiner le Roi ; mais puisque la chose est faite, n’en parlons plus, et soyons tous bons amis. Ô démence ! Shakespeare en savait un peu plus, lorsqu’il disoit: La vie de tout individu est précieuse pour lui ; mais la vie de qui dépendent tant de vies, celle des souverains, est précieuse pour