Page:Considérations sur la France.djvu/47

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conjurée ? Le génie infernal de Robespierre pouvoit seul opérer ce prodige. Le gouvernement révolutionnaire endurcissoit l’âme des François, en la trempant dans le sang ; il exaspéroit l’esprit des soldats, et doubloit leurs forces par un désespoir féroce et un mépris de la vie, qui tenoient de la rage. L’horreur des échafauds poussant le citoyen aux frontières, alimentoit la force extérieure, à mesure qu’elle anéantissoit jusqu’à la moindre résistance dans l’intérieur. Toutes les vies, toutes les richesses, tous les pouvoirs étoient dans les mains du pouvoir révolutionnaire ; et ce monstre de puissance, ivre de sang et de succès, phénomène épouvantable qu’on n’avoit jamais vu, et que sans doute on ne reverra jamais, étoit tout à la fois un châtiment épouvantable pour les François, et le seul moyen de sauver la France.

Que demandoient les royalistes, lorsqu’ils demandoient une contre-révolution telle qu’ils l’imaginoient, c’est-à-dire, faite brusquement et par la force ? Ils demandoient la conquête de la France ; ils demandoient donc sa division, l’anéantissement de son influence et l’avilissement de son Roi, c’est-