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Page:Considérations sur la France.djvu/56

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nous vivons, de ces combinaisons extraordinaires qui ont trompé toute la prudence humaine ? En vérité, on seroit tenté de croire que la révolution politique n’est qu’un objet secondaire du grand plan qui se déroule devant nous avec une majesté terrible.

J’ai parlé, en commençant, de cette magistrature que la France exerce sur le reste de l’Europe. La Providence, qui proportionne toujours les moyens à la fin, et qui donne aux nations, comme aux individus, les organes nécessaires à l’accomplissement de leur destination, a précisément donné à la nation françoise deux instrumens, et, pour ainsi dire, deux bras, avec lesquels elle remue le monde, sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère ; en sorte qu’elle a constamment le besoin et le pouvoir d’influencer les hommes.

La puissance, j’ai presque dit la Monarchie de la langue françoise, est visible : on peut, tout au plus, faire semblant d’en douter. Quant à l’esprit de prosélytisme, il est connu comme le soleil ; depuis la marchande de modes jusqu’au philosophe, c’est la partie saillante du caractère national.

Ce prosélytisme passe communément pour