Page:Constant - Adolphe.djvu/123

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elle ; j’étais fier de la protéger. J’étais avide de la tenir dans mes bras ; l’amour était rentré tout entier dans mon âme ; j’éprouvais une fièvre de tête, de cœur, de sens, qui bouleversait mon existence. Si, dans ce moment Ellénore eût voulu se détacher de moi, je serais mort à ses pieds pour la retenir.

Le jour parut ; je courus chez Ellénore. Elle était couchée, ayant passé la nuit à pleurer ; ses yeux étaient encore humides, et ses cheveux étaient épars ; elle me vit entrer avec surprise. Viens, lui dis-je partons. Elle voulut répondre ; partons, repris-je. As-tu sur la terre un autre protecteur, un autre ami que moi ? mes bras ne sont-ils pas ton unique asile ? Elle résistait. J’ai des raisons importantes ; ajoutais-je, et qui me sont personnelles. Au nom du ciel, suis-moi ; je l’entraînai. Pendant la route je l’accablais de caresses, je la pressais sur mon cœur, je ne répondais à ses questions que par mes embrassements. Je lui dis enfin, qu’ayant aperçu dans mon père l’inten-