Page:Constant - Adolphe.djvu/191

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partagées, des plaisirs que nous avons goûtés, des peines que nous avons supportées ensemble ? Ellénore, commençons en ce jour une nouvelle époque, rappelons les heures du bonheur et de l’amour. Elle me regarda quelque temps avec l’air du doute. — Votre père, reprit-elle enfin, vos devoirs, votre famille, ce qu’on attend de vous !… — Sans doute, répondis-je, une fois, un jour peut-être… Elle remarqua que j’hésitais. — Mon Dieu, s’écria-t-elle, pourquoi m’avait-il rendu l’espérance pour me la ravir aussitôt ! Adolphe, je vous remercie de vos efforts, ils m’ont fait du bien, d’autant plus de bien qu’ils ne vous coûteront, je l’espère, aucun sacrifice ; mais, je vous en conjure, ne parlons plus de l’avenir… Ne vous reprochez rien, quoi qu’il arrive. Vous avez été bon pour moi. J’ai voulu ce qui n’était pas possible. L’amour était toute ma vie : il ne pouvait être la vôtre. Soignez-moi maintenant quelques jours encore. Des larmes coulèrent abondamment de ses