Page:Constant - Adolphe.djvu/192

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yeux ; sa respiration fut moins oppressée ; elle appuya sa tête sur mon épaule. — C’est ici, dit-elle, que j’ai toujours désiré mourir. Je la serrai contre mon cœur, j’abjurai de nouveau mes projets, je désavouai mes fureurs cruelles. — Non, reprit-elle, il faut que vous soyez libre et content. — Puis-je l’être si vous êtes malheureuse ? — Je ne serai pas longtemps malheureuse, vous n’aurez pas longtemps à me plaindre. — Je rejetai loin de moi des craintes que je voulais croire chimériques. — Non, non, cher Adolphe, me dit-elle, quand on a longtemps invoqué la mort, le ciel nous envoie à la fin je ne sais quel pressentiment infaillible qui nous avertit que notre prière est exaucée. — Je lui jurai de ne jamais la quitter. — Je l’ai toujours espéré, maintenant j’en suis sûre.

C’était une de ces journées d’hiver où le soleil semble éclairer tristement la campagne grisâtre, comme s’il regardait en pitié la terre qu’il a cessé de réchauffer. Ellénore me pro-