Page:Constant - Adolphe.djvu/193

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posa de sortir. — Il fait bien froid, lui dis-je. — N’importe, je voudrais me promener avec vous. Elle prit mon bras ; nous marchâmes longtemps sans rien dire ; elle avançait avec peine, et se penchait sur moi presque tout entière. — Arrêtons-nous un instant. — Non, me répondit-elle, j’ai du plaisir à me sentir encore soutenue par vous. Nous retombâmes dans le silence. Le ciel était serein ; mais les arbres étaient sans feuilles ; aucun souffle n’agitait l’air, aucun oiseau ne le traversait : tout était immobile, et le seul bruit qui se fît entendre était celui de l’herbe glacée qui se brisait sous nos pas. — Comme tout est calme ! me dit Ellénore ; comme la nature se résigne ! Le cœur aussi ne doit-il pas apprendre à se résigner ? Elle s’assit sur une pierre ; tout à coup elle se mit à genoux, et, baissant la tête, elle l’appuya sur ses deux mains. J’entendis quelques mots prononcés à voix basse. Je m’aperçus qu’elle priait. Se relevant enfin : — Rentrons, dit-elle,