Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/105

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— Ah ! Vous voilà ? Me dit-il. Comment êtes-vous venu ?

Je lui dis que j’avais voyagé moitié à cheval, moitié en voiture, et jour et nuit. Il continua sa partie. Je m’attendais à voir éclater sa colère quand nous serions seuls. Tout le monde nous quitta.

— Vous devez être fatigué, me dit-il, allez vous coucher.

Il m’accompagna dans ma chambre. Comme je marchais devant lui, il vit que mon habit était déchiré.

— Voilà toujours, dit-il, ce que j’avais craint de cette course.

Il m’embrassa, me dit le bonsoir et je me couchai. Je restai tout abasourdi de cette réception qui n’était ni ce que j’avais craint, ni ce que j’avais espéré. Au milieu de ma crainte d’être traité avec une sévérité que je sentais méritée, j’aurais eu un vrai besoin, au risque de quelques reproches, d’une explication franche avec mon père. Mon affection s’était augmentée de la peine que je lui avais faite. J’aurais eu besoin de lui demander pardon, de causer avec lui de ma vie future. J’avais soif de regagner sa confiance et