Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/61

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humaine, et il résultait de tout cela que j’agissais comme j’avais parlé, riant quelquefois comme un fou une demi-heure après de ce que j’avais fait de très bonne foi dans le désespoir une demi-heure avant. La fin de tous mes projets sur mademoiselle Pourras me réunit plus étroitement encore avec madame de Charrière : elle était la seule personne avec qui je causasse en liberté, parce qu’elle était la seule qui ne m’ennuyât pas de conseils et de représentations sur ma conduite.

Des autres femmes de la société où je vivais, les unes s’intéressant à moi par amitié, me prêchaient dès qu’elles en trouvaient l’occasion. Les autres auraient eu quelque envie, je crois, de se charger de faire l’éducation d’un jeune homme qui paraissait si passionné, et me le faisaient entendre d’une manière assez claire. Madame Suard avait conçu le dessein de me marier. Elle voulait me faire épouser une jeune fille de seize ans, assez spirituelle, fort affectée, point jolie, et qui devait être riche, après la mort d’un oncle âgé. Par parenthèse, au moment où j’écris en 1811, l’oncle vit encore. La jeune personne, qui s’est mariée depuis à M. Pastoret, célèbre