Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/78

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Je passai pourtant huit à dix jours à Brighthelmstone, parce que je n’avais aucune raison d’espérer mieux ailleurs, et que cette première expérience me décourageait, quoique à tort, comme on le verra par la suite, de mes projets sur Édimbourg. Enfin, m’ennuyant chaque jour plus, je partis subitement une après-dînée. Ce qui décida mon départ fut la rencontre d’un homme qui me proposa de faire le voyage à moitié prix jusqu’à Londres. Je laissai un billet d’adieu à Kentish et nous arrivâmes à Londres à minuit. J’avais eu bien peur que nous ne fussions volés, car j’avais tout mon argent sur moi et je n’aurais su que devenir. Aussi tenais-je toujours entre mes jambes une petite canne à épée avec la ferme résolution de me défendre et de me faire tuer plutôt que de donner mon trésor. Mon compagnon de voyage qui, vraisemblablement, n’avait point sur lui, comme moi, toute sa fortune, trouvait ma résolution absurde. Enfin notre route s’acheva sans que j’eusse l’occasion de déployer mon courage. De retour à Londres, je laissai encore plusieurs jours s’écouler sans rien faire. À mon grand étonnement, mon indépendance commençait à me peser. Las d’arpenter