heureusement à un petit village nommé Stokes. On me reçut indignement à l’auberge parce qu’on me vit arriver à pied et qu’il n’y a en Angleterre que les mendiants et la plus mauvaise espèce de voleurs nommés « Footpads » qui cheminent de cette manière. On me donna un mauvais lit, dans lequel j’eus beaucoup de peine à obtenir des draps blancs ; j’y dormis cependant très bien, et à force de me plaindre et de me donner des airs, je parvins le matin à me faire traiter comme un gentleman et à payer en conséquence.
Ce n’était que pour l’honneur, car je repartis à pied après avoir déjeuné et j’allai à 14 milles de là dîner à Lynn, petite ville commerçante, où je m’arrêtai de nouveau, parce que ma manière de voyager commençait à me déplaire. J’avais eu toute la matinée un soleil brûlant sur la tête, et quand j’arrivai j’étais épuisé de fatigue et de chaleur. Je commençai par avaler une grande jatte de négus, qui se trouva prête à l’auberge : ensuite je voulus prendre quelques arrangements pour continuer ma route. Mais je me trouvai tout d’un coup complètement ivre, au point de sentir que je ne savais plus ce que