Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/89

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était un jardin. Je passai par Leicester, par Derby, par Buxton, par Shortley, par Kendall, par Carlisle. De là j’entrai en Écosse et je parvins à Édimbourg. J’ai eu trop de plaisir dans ce voyage pour ne pas chercher à m’en retracer les moindres circonstances. Je faisais de trente à cinquante milles par jour. Les deux premières journées j’avais un peu de timidité dans les auberges. Ma monture était si chétive que je trouvais que je n’avais pas l’air plus riche, ni plus gentlemanlike que lorsque je voyageais à pied, et je me souvenais de la mauvaise réception que j’avais éprouvée en cheminant de la sorte. Mais je découvris bientôt qu’il y avait pour l’opinion une immense différence entre un voyageur à pied et un voyageur à cheval. Les maisons de commerce en Angleterre ont des commis qui parcourent ainsi tout le royaume pour visiter leurs correspondants. Ces commis vivent très bien et font beaucoup de dépense dans les auberges, en sorte qu’ils y sont reçus avec empressement. Le prix de la dînée et de la couchée est fixé, parce que les aubergistes s’en dédommagent sur le vin. J’étais partout considéré comme un de ces commis, et en consé-