Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/90

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quence reçu à merveille. Il y en avait toujours sept ou huit avec lesquels je causais, et qui, lorsqu’ils découvraient que j’étais d’une classe plus relevée que la leur, ne m’en traitaient que mieux.

L’Angleterre est le pays où, d’un côté les droits de chacun sont le mieux garantis, et, où de l’autre les différences de rang sont le plus respectées : je voyageais presque pour rien. Toute ma dépense et celle de mon cheval ne se montaient pas à une demi-guinée par jour. La beauté du pays, celle de la saison, celle des routes, la propreté des auberges, l’air de bonheur, de raison et de régularité des habitants, sont, pour tout voyageur qui observe, une source de jouissances perpétuelles. Je savais la langue de manière à être toujours pris pour un Anglais, ou plutôt pour un Écossais, car j’avais conservé l’accent écossais de ma première éducation en Écosse.

J’arrivai enfin à Édimbourg le 12 août, à six heures du soir, avec environ neuf à dix shillings en poche. Je m’empressai de chercher mon ami Wilde, et, deux heures après mon arrivée, j’étais au milieu de toutes celles de mes connaissances qui se trouvaient encore en ville, la saison ayant