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Page:Constitution de Monaco de 1962.pdf/3

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Lundi 24 Décembre 1962
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JOURNAL DE MONACO

de modernisation a pu être entrepris dans les domaines hospitalier, scolaire, sportif, social et technique.

Tout ceci prouve, s’il en était besoin, la conscience que nous avons de notre avenir, qu’il soit proche ou lointain.

Pour ma part, ma préoccupation constante est de bâtir, pour mon successeur, une Principauté stable, prospère et heureuse.

Même en cette période d’anxiété, cette foi dans l’avenir doit demeurer intacte, car il est évident que la pérennité de la Principauté ne peut être atteinte, si l’union de tous ne fait aucun doute, et qu’aussi pénibles ou inquiétantes que soient les circonstances, l’État se maintienne en s’adaptant aux exigences du moment.

Plus que tout autre un petit Pays a besoin de marques de considération et de confiance, malheureusement depuis de trop longs mois la crise qui affecte nos relations traditionnelles d’amitié avec la France, trouve son origine, et peut être sa seule explication, dans la perte de cette confiance ; mais, j’ai bon espoir qu’il sera rapidement possible de trouver aux difficultés, des solutions raisonnables qui tiennent compte aussi bien des intérêts légitimes de nos deux Pays, que de leurs obligations réciproques. Alors les rapports confiants de bon voisinage qui unissent depuis toujours Monaco à la France, seront rétablis sur des bases solides et durables.

La remise en vigueur de la Constitution de 1911, la remise en fonction du Conseil National et du Conseil Communal, le 27 mars 1962, avaient, dans mon esprit, comme dans mon cœur, un seul but : la levée de toute scission entre moi-même et les Monégasques, entre les Monégasques eux-mêmes.

L’union de tous, dans des moments aussi graves, n’est pas seulement souhaitable ou nécessaire, elle est impérieuse, elle est déterminante. Mais il faut nous garder qu’elle ne soit que momentanée, elle doit se renforcer et se préserver afin qu’entre nous, jamais plus un fossé puisse se creuser.

Que notre nouvelle Constitution soit parfaite, je crains que non, qu’elle soit meilleure et plus adaptée à notre vie nationale, je le crois, mais je suis convaincu qu’elle contribue à affirmer l’union nationale pour l’avenir.

Ensemble nous en ferons l’expérience ; ensemble nous préserverons notre intérêt vital et nous verrons s’épanouir notre prospérité économique.

Mon propos était de m’adresser à vous dans le langage simple et sincère qui vient du cœur, car je crois finalement, que l’on gouverne la Principauté avec son cœur ».

Le Dr Joseph Simon, président du Conseil National, a répondu dans les termes ci-après à l’allocution de Son Altesse Sérénissime :

« Monseigneur,

C’est à la fois un grand honneur et une grande joie pour moi de venir aujourd’hui, au nom de mes compatriotes, remercier Votre Altesse d’avoir fait promulguer une nouvelle Constitution. Nous Vous remercions aussi de la déclaration que vous venez de faire.

Votre Altesse a voulu donner à cette déclaration la plus grande solennité en la faisant dans cette salle du Trône devant le Conseil National et le Conseil Communal réunis.

Les Monégasques auraient peut-être souhaité participer tous ensemble à cette cérémonie en cette heure historique pour notre pays. Mais si une manifestation publique revêt plus d’éclat elle perd une partie de cette solennité souhaitée par tous. Et nos compatriotes qui ont déjà pu connaitre par sa promulgation le texte de la Constitution, entendront, dans quelques instants par la voie des ondes, la déclaration qui l’accompagne.

Je viens de parler d’heure historique. C’est celle qui vient de sceller entre le Prince et les Monégasques un pacte mettant fin à une longue période de difficultés et de malentendus, lesquels auraient pu être évités s’il ne s’était pas souvent trouvé entre le Prince et le Peuple des hommes dont l’intérêt était d’empêcher tout rapprochement.

Vous avez Vous-même, Monseigneur, souligné en 1955 que la Réforme des Institutions devait répondre également aux vœux des Monégasques. Ces vœux étaient d’autant plus légitimes que les progrès de l’instruction leur ont déjà permis de mieux comprendre la vie publique et d’y participer d’une manière active et efficace.

Vous avez ainsi fait Vôtre la pensée qu’exprimait le Prince Albert, le 5 janvier 1911, en déclarant vouloir « donner une preuve de confiance aux Monégasques et les préparer à la défense de leurs intérêts si jamais des conjonctures graves survenaient pour la Principauté ».

L’évolution des idées, les modifications des conditions économiques et politiques ont conduit aux importants changements apportés à notre vieille Constitution, la plus vieille d’Europe disait-on encore hier.

Nous avons beaucoup travaillé à cette Constitution : Votre Altesse, les juristes que Vous avez choisis : M. le doyen Vedel, MM. les professeurs Bridel et Weil, Me Louise Aureglia et les autres. Et je dois aujourd’hui déclarer que ces travaux se