Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/65

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ramenât dans la grande ville, lieu de leur naissance, il en auroit du moins assez pour les faire vivre dans une autre ville moins florissante. Elles esperoient y trouver bonne compagnie, y faire des Amans, profiter du premier établissement qu’on leur proposeroit. Ne pensant déjà presque plus aux peines que depuis deux ans elles venoient d’essuier, se croiant même déja, comme par miracle, transportées d’une fortune médiocre dans le sein d’une agréable abondance, elles oserent (car la solitude ne leur avoit pas fait perdre le goût du luxe & de la vanité) accabler leur pere de folles commissions. Il étoit chargé de faire pour elles des emplettes en bijoux, en parures, en coëfures. A l’envi l’une de l’autre, c’étoit à qui demanderoit davantage. Mais le produit de la prétendue fortune du pere n’au-