Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/67

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qu’une d’entr’elles répondant pour toutes, dit avec aigreur, cette petite fille fait l’importante, & s’imagine qu’elle se distinguera par cette affection héroïque. Assurément rien n’est plus ridicule. Mais le pere, attendri de ses sentimens, ne put s’empecher d’en marquer sa joye, touché même des vœux ausquels cette fille se bornoit, il voulut qu’elle demandât quelque chose, & pour adoucir ces autres filles indisposées contre elle, il lui remontra que pareille insensibilité sur la parure ne convenoit pas à son âge, qu’il y avoit un tems pour tout.

Eh bien ! mon cher pere, lui dit-elle, puisque vous me l’ordonnez, je vous suplie de m’apporter une Rose. J’aime cette fleur avec passion : depuis que je suis dans cette solitude, je n’ai pas eu la satisfaction d’en voir une seule. C’étoit obéir & vouloir en même-tems qu’il ne