Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/12

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plutôt l’intérêt & l’avarice lui ayant fait faire réflexion que cet arbre étoit unique en son espéce, & que la rareté de son fruit le rendant précieux, lui apporteroit un profit considérable, qu’elle ne pouvoit recevoir que par les mains de Liron. C’en fut assez pour lui faire retracter l’arrêt qu’elle avoit prononcé contre l’arbre & la Bergere. Mais Pigriéche qui ne se payoit pas de ces raisons, l’auroit peut-être ramenée à son premier sentiment, si elle n’en avoit pas été retenuë par la représentation que sa mere lui fit, en lui remontrant que Liron lui étoit plus utile que personne, puisqu’outre les services qu’elle rendoit à la maison, & dont pour la venger elle lui promettoit d’augmenter la fatigue, elle pouvoit seule faire tomber la boue & les roseaux qui croissoient journellement sur