Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/20

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différent de celui qu’elle portoit alors, & ne pouvant la reconnoître sous le voile obscur dont Richarde l’avoit couverte, il ne laissa pas de s’en approcher avec beaucoup d’honnêteté, présumant que cette femme pourroit être quelque esclave de la même maison, par qui il pourroit au moins apprendre des nouvelles de Liron.

Bonne Esclave, lui dit-il, voulez-vous me vendre vos fruits ? Seigneur, reprit la feinte Esclave, en déguisant sa voix, je ne les apporte qu’avec l’intention de m’en défaire. Si vous avez la bonté de les acheter, je vous en aurai beaucoup d’obligation : ma mauvaise fortune m’ayant fait tomber entre les mains d’une Maîtresse cruelle, je serois fort maltraitée si je ne les vendois pas. Au contraire, si vous daignez les