Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/137

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ché à son visage, y faisoit une espece de pâte qui s’étant confonduë dans les roseaux donc il étoit ombragé, augmentoient l’horreur qu’elle inspiroit naturellement, en sorte que rien dans la nature n’a jamais été plus hideux.

Sa presence porta l’épouvante dans le cœur de cous les Spectateurs, la frayeur qu’elle leur fit pensa les faire fuïr. Ambitieux, lui-meme, ne fut point exempt de la terreur générale, s’imaginant que ce qu’il voyoit étoit un spectre qui avoit pris la figure de Lisimene pour le punir de tant de crimes. Mais la fureur de régner, qui étoit le seul principe de toutes ses actions, étouffant les remors & l’effroi que cette vûë excitoit dans son ame coupable, il fut le premier qui se remit ; & rappellant ceux qui fuyoient, il s’écria qu’il ne falloit pas d’autres