Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vû, & de la consulter pour savoir de quelle maniere elle devoit s’y prendre, afin de traverser ces Amans. Ainsi observant, le moment qu’en se promenant ils lui tournoient le dos, elle se retira assez adroitement pour n’en pas être apperçuë ; la colere & la jalousie dont elle étoit possedée l’obsedant si fort qu’elle pouvoit à peine parler en abordant sa mere.

Qu’as-tu, ma chere Pigriéche (lui dit-elle en la voyant si émuë) cette miserable Liron t’a-t-elle encore donné quelque sujet de courroux ? Ah, ah ! (dit Pigriéche presque hors d’elle-même) elle est plus adroite que nous, & je me m’étonne plus si elle alloit garder ses moutons avec tant de soumission & de docilité ; elle avoit ses raisons la bonne piéce, on l’aidoit à conduire son troupeau ; un