Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


BABIOLE



Il y avait une fois une reine qui ne pouvait rien souhaiter, pour être heureuse, que d’avoir des enfants : elle ne parlait d’autre chose, et disait sans cesse que la fée Fanferluche, étant venue à sa naissance, et n’ayant pas été satisfaite de la reine sa mère, s’était mise en furie, et ne lui avait souhaité que des chagrins.

Un jour qu’elle s’affligeait toute seule au coin de son feu, elle vit descendre par la cheminée une petite vieille haute comme la main ; elle était à cheval sur trois brins de jonc ; elle portait sur sa tête une branche d’aubépine, son habit était fait d’ailes de mouches, deux coques de noix lui servaient de bottes, elle se promenait en l’air, et après avoir fait trois tours dans la chambre, elle s’arrêta devant la reine. « Il y a longtemps, lui dit-elle, que vous murmurez contre moi, que vous m’accusez de vos déplaisirs et que vous me rendez responsable de tout ce qui vous arrive : vous croyez, madame, que je suis cause de ce que vous n’avez point d’enfants ? je viens vous annoncer une infante, mais j’appréhende qu’elle ne vous coûte bien des larmes. — Ah ! noble Fanferluche, s’écria la reine, ne me refusez pas votre pitié et votre secours ; je m’engage de vous rendre tous les services qui seront en mon pouvoir, pourvu que la princesse que vous me promettez soit ma consolation et non pas ma peine. — Le destin est plus puissant que moi, répliqua la fée ; tout ce que je puis, pour vous marquer mon affection, c’est de vous donner cette épine blanche ; attachez-la sur la tête de votre fille, aussitôt qu’elle sera née, elle la garantira de plusieurs périls. » Elle lui donna l’épine blanche, et disparut comme un éclair.