Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
MADAME D’AULNOY.

mon ennemie ; allons chez la reine ma mère, lui rendre compte de tant de choses extraordinaires qui doivent l’intéresser. — Allons, madame, allons, dit l’amoureux prince en montant sur le dauphin ailé et la prenant entre ses bras ; allons lui rendre en vous la plus aimable princesse qui soit au monde. »

Le dauphin s’éleva doucement, et prit son vol vers la ville capitale, où la reine passait sa triste vie ; la fuite de Babiole ne lui laissait pas un moment de repos, elle ne pouvait s’empêcher de songer à elle, de se souvenir des jolies choses qu’elle lui avait dites, et elle aurait voulu la ravoir, toute guenuche qu’elle était, pour la moitié de son royaume.

Lorsque le prince fut arrivé, il se déguisa en vieillard et lui fit demander une audience particulière. « Madame, lui dit-il, j’étudie dès ma plus tendre jeunesse l’art de nécromancien ; vous devez juger par là que je n’ignore point la haine que Fanfreluche a pour vous et les terribles effets qui l’ont suivie. Mais essuyez vos pleurs, madame, cette Babiole que vous avez vue si laide est à présent la plus belle princesse de l’univers ; vous l’aurez bientôt auprès de vous, si vous voulez pardonner à