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Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/434

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son père et les deux autres pour ses sœurs ; il en chargea l’homme que le gouverneur lui avait envoyé, et le pria de ne s’arrêter ni jour ni nuit, jusqu’à ce qu’il fût arrivé chez le comte.

Ce messager fit la dernière diligence, et quand il dit au bon vieillard qu’il venait de la part de son fils le chevalier et qu’il lui apportait une cassette bien lourde, il demeura surpris de ce qui pouvait être dedans ; car il était parti avec si peu d’argent ; qu’il ne le croyait pas en état d’acheter quelque chose, ni même de payer le voyage de celui qui avait charge de son présent/ Il ouvrit d’abord la lettre, et lorsqu’il vit ce que sa chère fille lui mandait, il pensa expirer de joie. La vue des pierreries et de l’or lui confirmait encore la vérité de ses paroles. Ce qu’il y eut d’extraordinaire, c’est que les deux sœurs de Belle-Belle ayant ouvert leurs boîtes ne trouvèrent que des verrines au lieu de diamants, et des pistoles fausses, la fée ne voulant pas qu’elles se ressentissent de ses bienfaits ; de sorte qu’elles s’imaginèrent que leur sœur avait voulu se moquer d’elles, et elle en conçurent un dépit inexprimable. Mais le comte les voyant fâchées, leur donna la plus grande partie des bijoux qu’il venait de recevoir ; et sitôt qu’elles les touchèrent, ils changèrent comme les autres. Elles jugèrent par là qu’un pouvoir inconnu agissait contre elles et prièrent leur père de garder ce qui restait pour lui seul.

Le beau Fortuné n’attendit pas le retour de son messager, il partit. Son voyage était trop pressé, il fallait se rendre aux ordres du roi. Il fut chez le gouverneur ; toute la ville s’y assembla pour le voir ; sa personne