Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/439

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qu’encore qu’il eût plus de soixante mille pains de Gonesse devant lui, il paraissait résolu de n’en pas laisser un seul morceau.

Camarade dit à son maître : seigneur, il ne vous manque plus que cet homme-ci, de grâce obligez-le de venir avec vous. Le chevalier l’aborda, et lui dit en souriant : avez-vous résolu de manger tout ce pain à votre déjeuner ? Oui répliqua-t-il, tout mon regret, c’est qu’il y en ait si peu ; mais les boulangers font de francs paresseux, qui se mettent peu en peine que l’on ait faim ou non. S’il vous en faut tous les jours autant, ajouta Fortuné, il n’y a guère de pays que vous ne soyez en état d’affamer. Oh ! seigneur ! repartit Grugeon, c’est ainsi qu’on l’appelait, je serais bien fâché d’avoir tant d’appétit, ni mon bien ni celui de mes voisins n’y suffiraient pas : il est vrai que de temps en temps je suis bien aise de me régaler de cette manière. Mon ami Grugeon, dit Fortuné attachez-vous à moi je vous ferai faire bonne chère, et vous ne serez pas mécontent de m’avoir choisi pour maître.