Page:Contes des Fées, par Perrault, Mme D’Aulnoy, Hamilton et Mme Leprince de Beaumont, 1872.djvu/461

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des plus belles personnes au monde, l’ayant entendu parler ainsi, lui dit : « Seigneur, vous savez que jusqu’à présent j’ai vaincu tous ceux qui ont osé me disputer le prix de la course ; il faut dire à l’ambassadeur que s’il peut arriver avant moi au but qui sera marqué, vous promettez de ne plus éluder la parole que vous lui avez donnée. »

L’empereur embrassa sa fille, il trouva son conseil merveilleux, et le lendemain il reçut agréablement les devoirs de Fortuné.

« J’ai encore une chose à exiger, lui dit-il, c’est que vous, ou quelqu’un de vos gens, couriez contre la princesse, ma fille ; je vous jure par tous les éléments, que si l’on remporte le prix sur elle, je donnerai toutes sortes de satisfactions à votre maître. » Fortuné ne résista point ce défi ; il dit à l’empereur qu’il l’acceptait, et sur-le-champ, Matapa ajouta que ce serait dans deux heures. Il envoya dire à sa fille de se préparer : c’était un exercice où elle était accoutumée dès sa plus tendre jeunesse. Elle parut dans une grande allée d’orangers, qui avait trois lieues de long, et qui était si bien sablée, que l’on ne voyait pas une pierre grosse comme la tête d’une épingle : elle avait une robe légère de taffetas couleur de rose, semée de petit étoiles brodées d’or et d’argent ; ses beaux cheveux étaient attachés d’un ruban par derrière, et tombaient négligemment sur ses épaules ; elle portait de petits souliers sans talons, extrêmement jolis et une ceinture de pierreries, qui marquait assez sa taille pour laisser voir qu’il n’en a jamais été une plus belle : la jeune Athalante n’osait jamais osé lui rien disputer.

Fortuné vint, suivi du fidèle Léger et de ses autres domestiques ; l’empereur se place avec toute sa cour ; l’ambassadeur dit que Léger aurait l’honneur de courir contre la princesse. Le coffre de maroquin lui avait fourni un habit de toile de Hollande, tout garni de dentelles d’Angleterre, des bas de soie couleur de feu, des plumes de même, et de beau linge. En cet état il avait fort bonne mine ; la princesse l’accepta pour courir, avec elle, mais avant que de partir on lui apporta une liqueur, qui aidait encore à la rendre plus légère, et à lui donner de la force. Le coureur s’écria qu’il fallait qu’on lui en donnât aussi, et que l’avantage devait être égal. Très-volontiers, dit-elle, je suis trop juste pour vous en refuser. Aussitôt elle lui en fit verser ; mais comme il n’était point accoutumé à cette eau, qui était très forte, elle lui monta tout d’un coup à la tête ; il fit deux ou trois tours, et se laissant tomber au pied d’un oranger, il s’endormit profondément.

Cependant on donnait le signal pour partir : on l’avait déjà recommencé