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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/102

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CONTES SECRETS RUSSES

lez-vous, madame ? — Qu’est-ce que c’est que cela ? » Le laquais, dans la circonstance, ne manqua pas de tact. — « Cela, » répondit-il, « voici ce que c’est : par-dessous ce doit être quelque parente, une sœur ou une tante, et par-dessus, un frère ou un neveu : il est malade et elle le ramène chez elle. — Oui, oui, c’est cela ! » dit la dame, et elle se mit à rire. Chemin faisant, on rencontra un autre troupeau, celui-ci composé de bêtes à cornes ; un taureau était en train de saillir une vache. « Eh bien ! et cela, qu’est-ce que c’est ? » demanda la dame. — « Cela, voici ce que c’est : la vache n’est pas forte et elle ne trouve plus à manger, ayant tout brouté autour d’elle ; c’est pourquoi, comme vous voyez, le taureau la pousse vers l’herbe fraîche. — C’est bien cela ! » observa de nouveau en riant la dame. Ensuite passa un troupeau de chevaux ; un étalon s’accoupla à une jument. « Et cela, qu’est-ce que c’est ? — Voyez-vous, madame, au delà du bois il y a de la fumée ; sans doute le feu est quelque part ; eh bien ! le cheval est monté sur la jument pour apercevoir l’incendie. — Oui, oui, c’est vrai ! » dit la jeune femme qui riait à se tordre. On arriva près d’une rivière. La barinia eut envie de prendre un bain, elle fit arrêter sa voiture, se déshabilla et entra dans l’eau. Le domestique la contemplait sans bouger de place. « Si tu veux te baigner avec moi, déshabille-toi vite ! » Le laquais se dépouilla de ses vêtements et des-