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Page:Contes secrets Russes, 1891.djvu/108

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CONTES SECRETS RUSSES

fut de réveiller Vanka. « Qu’est-ce qu’il te faut encore ? » demanda le Cosaque. — « Vanka ! il y a un veau près de moi sur le poêle et je ne sais pas comment il se trouve là ! — Qu’est-ce qu’il a encore imaginé ! C’est lui-même qui a engendré le veau et il dit : Je ne sais pas comment il se trouve là ! — Mais comment donc cela a-t-il pu se faire ? » questionna le pope. — « Eh bien ! voici comment : tu te rappelles que, pendant que nous chargions le foin, tu as couru après des vaches ! Voilà qu’à présent tu as donné le jour à un veau ! — Vanka, comment faire pour dérober cela à la connaissance de ma femme ? — Donne-moi trois cents roubles : je ferai en sorte que la chose reste un secret pour tout le monde. » Le pope donna l’argent. — « Mais fais attention à ceci, » reprit le Cosaque : « retourne maintenant chez toi, file en cachette et laisse ici tes bottes, tu mettras à leur place mes chaussures de tille. » Dès que le pope fut parti, le Cosaque alla trouver le maître de la maison : « Ah ! vous êtes des ânes ! Vous ne savez pas que votre veau a mangé le pope ; il n’a laissé que les bottes ; allez voir. » Le paysan, épouvanté, offrit trois cents roubles au Cosaque pour prix de son silence. Vanka promit de se taire ; il prit les trois cents roubles, monta à cheval et s’élança sur les traces du pope. Quand il l’eut rejoint, il lui dit : « Batouchka ! le moujik veut aller chez ta femme avec le veau et lui dire que tu en es le père ». Plus effrayé que jamais,